Difficile de parler photo sans en expliquer sa pratique. C’est donc une séquence « je raconte ma vie » qui débute l’article.
Ma formation se résume aux moments passés en étant gamine avec mon père dans son atelier, toute contente d’utiliser les pinces pour passer une photo du révélateur, au rinçage, au fixateur, au rinçage, au rinçage, au rin… Encore aujourd’hui, je garde cet esprit de gosse les yeux grands ouverts devant l’image qui se révèle dans le 1er bac.
Une fois aux beaux arts, équipée du vieil Electro TL de chez Yashica (et de papa), j’ai pu profiter du matériel de développement du labo de l’école. C’est là que j’ai vraiment pris goût à cette pratique, mais en limitant la technique à un simple équilibre ouverture/temps d’expo pour éviter les flous de bouger. Il n’y avait pas de cours à proprement parler à l’époque, et, comme dans d’autres disciplines, l’accent était mis sur la créativité, la composition, et l’expression plastique.
Je n’ai pas pratiqué pendant plusieurs années, puis renoué avec un petit powershot numérique de chez Canon. Mais c’est en rechargeant une pellicule dans l’Electro, pour fixer ma fille à coups de molécules d’argent, que j’ai renoué avec l’argentique, et investi dans un Yashica Mat 124G avec ses grands négatifs 6×6. Parallèlement un petit reflex numériques (Pentax K10D) m’a permis de travailler l’aspect technique, mais sa faiblesse dans les iso, m’a trop souvent compliqué la tâche. J’utilisais de vieux objo argentiques sur cette appareil, et forcer sur le diaph pour la prise de lumière à eu raison du boîtier au printemps.
Depuis je suis équipée d’un Canon 600D avec un petit objo 50mm compact macro qui ouvre à f2.5 (et qui a l’avantage de pas être cher du tout). Pour la suite, j’aimerais beaucoup un 24-70 mm ; il semble avoir un piqué extraordinaire et offrirait une bonne gamme de focales, mais niveau budget, ça se complique gravement !
1re série : l’automne, tristoune en couleurs ?
Je dois cette série des bois à belle-maman qui a pensé à moi pendant sa cueillette, et m’a ramené quelques brins de mousse, bogue et champignons. J’ai utilisé les éléments tels quels, pas de nettoyage ni de dépoussiérage.
Le choix du style : l’idée était de donner un visuel assez contrasté et de mettre en avant les couleurs, donc il fallait chercher à estomper des éléments secondaires mais important car contribuant à l’habillage du visuel.
Un fond clair associé à une lumière franche aurait généré des ombres portées trop marquées, une perte de détails et noyer les couleurs des éléments. Mais, l’utilisation de lumières franches et rapprochées devient possible grâce à un fond foncé, car les ombres se fondent davantage, tout comme certains éléments. Il faut dans ce cas faire attention à l’exposition pour ne pas « boucher » les tons foncés.
Avec cette lumière assez forte, les couleurs deviennent l’élément principal visuel, il faut donc composer l’image en fonction du vert et du jaune.
Pour la technique, j’utilise un pied de projecteur équipé d’une rotule dans laquelle je fixe la perche du trépied. On peut aussi se construire un système de rails à fixer au plafond qui permet d’éviter les problèmes du maintien de l’horizontale et donc de déformation, mais, avec une focale fixe, il faut prévoir un système mobile, permettant de rapprocher ou éloigner l’appareil. Ce qui devient plus compliqué.
La photo du dessus est le plan le plus large de la compo, l’objectif est à environ 60 cm de la scène. Le diaph, élément mécanique permettant de jouer sur la profondeur de champs, est ouvert à f16, une toute petite ouverture rendant l’utilisation d’un trépied obligatoire. Le temps d’exposition est à 0.6 secondes, ce qui vous donne une idée de l’intensité lumineuse des projecteurs. A f16, les détails sont bien restitués, à condition de faire correctement la mise au point. Toutes les épines de la bogue verte centrale sont plutôt bien nettes, le fond bois également.
L’exemple ci-dessus présente à gauche, une photo à f16 et une autre à droite à f2.8. On voit bien l’effet de la profondeur de champs plus courte : la mousse, les épines, la fougère et le pied du champignon sont flous sur l’image à f2.8. Concernant le développement du fichier natif, le travail se limite à un ajustement de la balance des couleurs et une légère augmentation de la saturation par endroits.
Contrairement à cette 1re série, la suivante est plus en douceur, la profondeur de champs sert à découper un objet de son fond.
2e série : figues et lavande, du bleu et du bleu
Cette série a été spécifiquement réalisée pour être proposée à des microstock comme iStock ou Fotolia, les plus connus.
L’idée était de proposer des images douces, où le produit est bien mis en avant, et permettant d’intégrer facilement du texte ou de dupliquer le fond. Au niveau des couleurs, le bleu majoritaire, associé au vert des 2 petites feuilles dans le bol, et au rouge de la chair de la figue, il était important de calmer le jeu. Donc l’environnement devait s’effacer c’est pourquoi j’ai utilisé un bol en olivier (non huilé) qui reste dans la même gamme de couleur que le support.
Pour la photo du dessus et celle en dessous à gauche, pas d’abus de projecteur. La simple lumière du petit vasistas au fond de la pièce a suffit à rétro-éclairer la scène. Pour l’appoint de lumière, j’ai utilisé un projo que j’ai retourné dans ma direction de façon a gagner une luminosité résiduelle. Elle évite le contre jour sur la figue du premier plan. Sur un temps d’exposition à 5 secondes à f7.1 pour la photo du dessus, je suis à 20 secondes à f11 pour celle d’en dessous à gauche.
Pour finir avec la 3e photo, à f3.5 au 30e de secondes, la lumière plus franche est croisée (arrière-plan gauche et premier-plan droite) ; elle intensifie le volume du bol. Par contre, on voit que la première figue ne se découpe pas entièrement : la profondeur de champs était donc un poil trop courte.
Composer des images n’est pas toujours évident. Si l’on est particulièrement intéressé pour mettre en valeur un point plutôt qu’un autre, on n’arrive pas toujours à voir ce qui cloche dans notre compo. Trop de couleurs différentes, un déséquilibre dans le placement des objets, un élément mal choisi (et qui ne révèle son défaut qu’au post traitement, évidemment !), des lumières mal placées ou encore une profondeur de champs inadéquate, sont autant de paramètres pouvant contribuer à une image inintéressante. Je ne parlerai pas des focales qui déforment les perspectives, problème lié à une mauvaise utilisation de zoom. La focale fixe de 50 mm que j’utilise m’évite ce genre d’inconvénient.
Malgré sa longueur, j’espère que ce premier billet technique vous aura permis de mieux cerner quelques basiques en photos. Pour moi, c’est l’occasion de faire un point sur tout ce qui me reste à apprendre et à approfondir.
Je vous donne rendez-vous en fin de semaine pour une recette pleine de fruits et de fraîcheur.
J’ai trouvé ce billet très intéressant, c’est sympa de lire tous tes petites astuces et de voir comment tu procèdes. En tout cas, si c’est le premier d’une longue série, ce sera avec plaisir. Bonne soirée
Merci beaucoup Sandrine !
Quand je pense à ta recette de Saint-Jacques au beurre de mandarine, comme on s’est régalé !!!
Expliquer ces photos était extrêmement chronophage, je n’en reviens pas. Au final, à force de se dire « faut qu’je dise ça, et puis ça et encore ça » » et que j’oublie pas ça », je trouve l’article un peu brouillon. En même temps, j’étais pas une flèche en rédac’ mais on n’est jamais trop vieux ! 😀
Super!! On en veut encore!
Hâte de lire plus avec beaucoup d’intérêt… Merci
Pour moi, c’est un peu du Chinois mais ça m’intéresse beaucoup alors je vais suivre de près ! Les photos de figues sont exceptionnelles ! Merci pour ces explications.